Introduction – Quand 600 M€ s’évaporent malgré SAP
Sept ans, plus de 1 000 collaborateurs mobilisés, 500 à 600 millions d’euros engloutis… et retour à la case départ.
C’est le bilan glaçant d’« eLWIS », le programme lancé par Lidl pour déployer SAP for Retail powered by HANA sur ses 12 000 magasins dans 30 pays. En juillet 2018, l’enseigne a tiré la prise et ressuscité son ancien système maison (WaWi). Pourquoi ? Un cocktail détonant : sur-personnalisation du core SAP, résistance au changement, gouvernance mouvante et dépendance totale aux consultants externes. henricodolfing.comconsultancy.ukthirdstage-consulting.com
Leçon immédiate pour tout projet ERP en Algérie : si même un géant européen peut perdre l’équivalent du budget d’une autoroute pour un projet ERP mal cadré, aucune entreprise locale—PME ou groupe—n’est à l’abri.
Pourquoi cet article ?
- Objectif : protéger votre projet ERP, qu’il s’agisse d’un déploiement SAP Algérie, d’une montée de version S/4HANA ou d’un premier socle intégré.
- Public cible : dirigeants, DAF et DSI qui veulent un guide exhaustif, sans jargon inutile.
- Promesse : identifier les 4 erreurs majeures qui transforment un partenariat ERP en gouffre financier—et vous livrer la méthode pour les éviter.
En suivant ce cadre, vous maximiserez vos chances de réussite et protégerez votre ROI.
Lidl : cas d’étude d’un projet ERP qui tourne au fiasco
Contexte et enjeux de l’implémentation ERP
À l’époque, le système d’information de Lidl était devenu un frein à la performance plus qu’un levier de pilotage. Les équipes faisaient face à des ruptures fréquentes dans les processus métiers, provoquées par une multiplication des interfaces, une redondance massive des données de référence et un cloisonnement technologique hérité d’une architecture décentralisée.
L’empilement de modules, couplé à l’absence d’un socle unifié, rendait chaque action de maintenance ou d’évolution non seulement lourde mais risquée.
Cette complexité technique, nourrie par des années d’ajouts ponctuels sans vision d’ensemble, avait engendré une rigidité extrême du système.
La moindre amélioration fonctionnelle nécessitait des efforts de coordination disproportionnés, freinant toute capacité d’adaptation aux nouveaux besoins métiers.
Lidl a fini par conclure que cet environnement fragmenté ne permettait plus ni agilité opérationnelle, ni visibilité stratégique, ni maîtrise des coûts d’exploitation à long terme.
C’est dans ce contexte qu’une réflexion autour de l’introduction d’un ERP global s’est imposée comme une nécessité vitale plutôt qu’un simple projet d’évolution.
En 2011, Lidl décide de remplacer son système maison WaWi par SAP for Retail powered by HANA.
En lançant ce projet, Lidl a un objectif clair : harmoniser l’ensemble de la chaîne logistique, disposer d’analyses temps-réel et soutenir la croissance internationale (12 000 magasins, 30 pays) henricodolfing.com.
Ligne du temps condensée du projet SAP
Date | Événement clé | Impact |
---|---|---|
2011 | Lancement eLWS (choix SAP) | Définition d’objectifs ambitieux mais flous |
2015 | Pilotes Autriche, Irlande, USA | Premières sur-customisations signalées |
2016-2017 | Départs successifs du CIO et de plusieurs dirigeants | Perte de sponsor exécutif, priorités mouvantes |
Juillet 2018 | Arrêt officiel du projet | Retour à WaWi, perte financière > 500 M€ |
Après sept ans, plus de 1 000 collaborateurs internes et centaines de consultants externes, le projet « eLWIS » est abandonné en 2018, laissant une ardoise d’environ 500 à 600 M€ et un retour forcé à WaWi consultancy.ukthirdstage-consulting.com.
Et comme un homme sage apprend des erreurs d’autrui, on a décidé de compiler ici les 4 erreurs majeures qu’il ne faut absolument pas commettre au cours d’un projet d’implémentation d’un ERP ( que ça soit SAP ou autre)
Erreur n° 1 : Sous-estimer la conduite du changement
« Un projet SAP, c’est 20 % de technologie, 80 % de sociologie » – Mantra que tout intégrateur SAP Algérie devrait afficher dans sa war-room.
Exemple Lidl : lors du lancement du projet eLWIS en 2011, Lidl n’a pas préparé ses 12 000 magasins à la transition ; les équipes ont découvert les nouvelles transactions SAP le jour J et ont poursuivi leurs bons vieux fichiers WaWi en parallèle, plombant l’adoption dès l’origine.
Phase 1 : Nommer le vrai danger – la résistance humaine, pas le code
Définition concise
Traiter l’implémentation d’un ERP comme une pure opération IT, en oubliant que chaque transaction automatisée bouscule des habitudes, des pouvoirs et parfois des identités professionnelles.
Résultat : les utilisateurs découvrent les nouveaux écrans le jour J, improvisent ou contournent (fichiers Excel parallèles, OU‐Achat restée hors système), et le ROI s’évapore.
Exemple Lidl : en Autriche (2015), les équipes ont continué à valoriser les stocks au prix d’achat dans WaWi plutôt qu’en prix de vente comme l’impose SAP standard ; faute de formation et d’engagement, la résistance s’est cristallisée dès les pilotes.
Signal d’alerte majeur
Un projet bénéficiant d’une conduite du changement « excellente » a 7 fois plus de chances d’atteindre ses objectifs qu’un projet où cet aspect est négligé. prosci.comprosci.com
Autrement dit : ignorer l’humain revient à multiplier par sept le risque d’échec.
Phase 2 : Identifier les symptômes locaux (Algérie)
Symptomatologie terrain | Traduction opérationnelle | Exemple Lidl |
---|---|---|
« On n’a pas le temps de former tout le monde » | Budget formation rogné en fin de projet → adoption basse | À l’échelle mondiale, la formation a été repoussée pour tenir les délais, creusant le fossé entre SAP et les usages historiques |
« Les utilisateurs découragés après le go-live » | Key-users nommés trop tard → maquettes irréalistes | Les key-users ont été désignés en 2017, soit 6 ans après le lancement d’eLWS ; trop tard pour corriger les prototypes mal conçus |
« On fera un mémo global » | Communication descendante unique → rumeurs de “flicage” de la DAF | La communication était centralisée à Francfort, créant la défiance des équipes terrain face à un “système imposé” sans dialogue |
Phase 3 : Plan de conduite du changement – la méthode 4 A
- Anticiper la courbe d’adoption
- Cartographier les parties prenantes (direction, métiers, SI, partenaires).
- Mesurer l’impact : qui gagne / qui perd ?
- Adapter le message
- Storytelling exécutif : “Pourquoi on change”, chiffres locaux (heures perdues, ruptures de stock).
- Campagnes internes multicanal (ateliers, vidéos courtes, Yammer/Teams).
- Accompagner la montée en compétence
- Key-users ambassadeurs : 1 par processus, formés 3 mois avant UAT.
- Formations hands-on sur sandbox, scénarisées par rôle ; quiz de validation.
- Support de proximité post-go-live (hotline + “walk-the-floor” 10 jours).
Exemple Lidl : pas de support post-go-live sur site ; les 600 consultants restaient à distance, laissant les magasins livrés à eux-mêmes.
- Ancrer la gouvernance
- PMO “People” distinct du PMO “Tech” ; reporting hebdo adoption (login, taux d’erreur).
- Kill-switch humain : si adoption < 70 % à T+4 semaines, déclenchement plan de remédiation. gartner.com
Phase 4 : Coûts cachés d’une mauvaise conduite du changement
KPI | Projet sans change management |
Projet avec change management solide |
Exemple Lidl |
---|---|---|---|
Respect budget | 1,5 × dépassement médian | +40 % probabilité de rester sous budget prosci.com | Coûts d’eLWS estimés à 600 M €, dépassement de 20 % dès 2017 |
Délais | Go-live glissé de 6 à 12 mois | Implémentation 30 % plus rapide gartner.com | Projet prévu en 3 ans, finalement abandonné après 7 ans |
Adoption < 90 % (T+3 mois) | Quasi certain | Cas marginal | Adoption plafonnait à 40 % dans les pilotes USA en 2015 |
Phase 5 : Check-list express pour un DAF algérien avant le kick-off
- Les bénéfices métier sont-ils chiffrés et communiqués à tous ?
- Un budget formation ≥ 8 % du CAPEX ERP est-il sécurisé ?
- Dispose-t-on d’un ratio 70/30 internes vs consultants pour le support post-go-live ?
- Le PMO inclut-il un responsable Change avec pouvoir de veto sur les jalons ?
- Des KPI adoption (log-ins, tickets, conformité) sont-ils définis et suivis hebdomadairement ?
Synthèse
Ignorer la conduite du changement, c’est accepter que vos équipes transforment votre SAP S/4HANA flambant neuf en simple tiroir-caisse à surcoûts. À l’inverse, placer l’humain au cœur du dispositif, c’est sécuriser le ROI et pérenniser la transformation.
Erreur n° 2 : Soutien exécutif insuffisant & gouvernance floue
Phase 1 : Ancrer le projet au sommet de la pyramide
La signature du budget ne suffit pas. Un projet SAP doit être porté au plus haut niveau – idéalement par un membre du comité de direction possédant l’autorité budgétaire et hiérarchique pour trancher.
Faute de ce sponsoring quotidien, le projet bascule rapidement dans la sphère strictement IT, perdant tout lien avec les priorités business.
Les études récentes rappellent que l’absence de support de la haute direction figure parmi les toutes premières causes d’échec des déploiements ERP linkedin.comnetsuite.com.
Exemple Lidl : entre 2014 et 2017, Lidl a enchaîné trois CIO/CFO sans que le nouveau sponsor ne s’implique durablement dans eLWIS.
Résultat : les décisions stratégiques ont été sans cesse repoussées, laissant le projet sans cap business clair.
Phase 2 : Ériger une gouvernance robuste et ritualisée
Le piège habituel ? Des comités de pilotage irréguliers où les décisions critiques sont repoussées « au prochain point ». Pour éviter cette dérive :
- Comité de pilotage mensuel réunissant DG, DAF, DSI, responsables métiers clés et l’intégrateur ; ordre du jour fixe : avancement, risques, arbitrages.
- Cellule PMO dotée d’un responsable « gouvernance » habilité à activer une matrice d’escalade (qui décide quoi, sous quel délai).
- Kill-switch financier trimestriel : si dérive > 10 % sur coût ou délai et que la valeur métier chute, le comité statue (ré-estimation, gel de périmètre ou arrêt contrôlé).
Gartner rappelle qu’en 2018 25 % des projets ERP ont été annulés ou livrés hors délai, tandis que 55 % n’ont pas atteint les attentes initiales – un ratio corrélé directement à la faiblesse du dispositif de gouvernance fusion5.com.
Phase 3 : Piloter la valeur, pas seulement le triptyque coût-délai-qualité
Un ERP sans tableau de bord bénéfices, c’est un avion sans altimètre.
- Indicateurs de succès chiffrés dès le départ : réduction du DSO, rotation stock, productivité MRP, etc.
- Reporting bi-mensuel vers le Comex : la direction suit l’impact business réel, ajuste les moyens et maintient la pression positive sur le terrain.
- Alignement stratégique continu : tout changement de périmètre doit démontrer son ROI avant d’être approuvé.
Une enquête 2025 révèle que 70 % des initiatives ERP récentes n’atteignent pas leurs objectifs business lorsque la valeur n’est pas suivie au niveau direction gartner.com.
Exemple Lidl : eLWIS n’a jamais suivi de KPI métier après 2015. Sans données sur la réduction des ruptures ou l’amélioration de la marge, les arbitrages se faisaient à l’aveugle, alimentant la défiance des décideurs.
Phase 4 : Bilan terrain – les coûts cachés d’un sponsoring fantôme
Dysfonction de gouvernance | Exemple Lidl | Conséquence mesurable |
---|---|---|
Arbitrages tardifs | Le go-live Irlande prévu en 2016 a glissé de 9 mois | +12 % de glissement moyen sur planning panorama-consulting.com |
Conflits inter-départements non tranchés | Demande de budget en 2017 pour ajustements customs rejetée, entraînant +120 M € de coûts récurrents | Dérive budgétaire médiane : +18 % du CAPEX initial panorama-consulting.com |
Perte de priorité stratégique | Projet eLWS abandonné en juillet 2018 malgré 7 ans d’effort | 32 % de projets ERP stoppés prématurément faute de champion exécutif linkedin.com |
Phase 5 : Check-list « gouvernail » avant le kick-off
- Un sponsor exécutif unique est-il nommé, avec KPI personnels indexés sur la réussite ERP ?
- Le comité de pilotage inclut-il Finance, Opérations, IT et intégrateur ?
- Une matrice RACI couvre-t-elle chaque livrable critique ?
- Les bénéfices métiers sont-ils chiffrés et suivis dès J+30 post go-live ?
- Le kill-switch (coût/délai/valeur) est-il formalisé dans la charte projet ?
Erreur n° 3 : La sur-personnalisation – le syndrome “SAP maquillé” qui plombe votre TCO
Quand chaque ligne d’ABAP cache une déviation métier, le projet cesse d’être un ERP et devient un prototype coûteux.
Exemple Lidl : pour conserver sa valorisation au prix d’achat, Lidl a développé plus de 200 programmes Z et interfaces spécifiques dès 2015, rendant le cœur SAP si modifié que les montées de version vers HANA sont devenues impossibles.
Phase 1 : Nommer le danger — “tordre” le standard pour coller à l’existant
Dans l’univers SAP, personnaliser signifie dépasser la simple configuration (paramétrage) pour écrire du code, créer des Z-tables, ou interfacer des briques externes afin de reproduire les habitudes locales.
Or, les chiffres parlent : seules 44,8 % des entreprises déploient un ERP sans aucune customisation, tandis que 20,8 % confessent une customisation lourde ; ces dernières sont aussi celles qui déclarent le moins de bénéfices business à trois ans ecisolutions.com.
Exemple Lidl : lors des pilotes Irlande et USA (2015), chaque écart identifié a donné lieu à un nouveau module Z – au point que l’on comptait plus de 1 500 objets ABAP non standards fin 2017.
Phase 2 : Symptômes terrain — comment détecter la dérive
Indice d’alarme | Traduction opérationnelle | Exemple Lidl |
---|---|---|
« On garde notre logique article-dépôt, SAP s’adaptera. » | Création de tables Z pour gérer des unités de mesure exotiques. | Lidl a ajouté 12 Z-tables pour gérer ses formats de palette maison. |
« On ne peut pas facturer autrement. » | Modifications du module SD, réécriture de routines de prix. | 35 routines Z ont été développées pour reproduire l’ancienne tarification WaWi. |
« Mettez-moi ce rapport exactement comme l’ancien Excel. » | ABAP spécifique + développement Fiori hors standard. | Un rapport Z-Fiori a coûté 250 000 € et n’a jamais été maintenu post go-live. |
Phase 3 : Impacts mesurables — le vrai coût du « Code Z »
Impact | Chiffre clé | Exemple Lidl |
---|---|---|
Surcharge budgétaire directe | La customisation ajoute 10 % à 30 % au budget initial d’implémentation thecfoclub.com |
Lidl a dépassé son budget initial de 25 % uniquement en développements Z. |
Maintenance récurrente | Jusqu’à 60 % des coûts de cycle de vie consacrés à l’entretien du code spécifique ventionteams.com |
Les équipes ont consacré 3 ETP/an à corriger les bugs Z de eLWS. |
Retards d’upgrades | Patches SAP retardés de 6 à 18 mois faute de compatibilité custom thecfoclub.com |
L’échec de la migration HANA a repoussé tout plan d’upgrade de 12 mois. |
Risque stratégique | D’ici 2027, 70 % des initiatives ERP n’atteindront pas leurs objectifs business ; la complexité est citée comme cause majeure gartner.com |
eLWS a finalement été abandonné en juillet 2018 après 7 ans de dérive. |
Phase 4 : La cure — adopter la méthode “Fit-to-Standard”
- Cartographie des écarts
- Lister tous les besoins « hors-procès » et chiffrer leur ROI.
- Arbitrage exécutif
- Seul le sponsor (voir Erreur n° 2) valide ou rejette une déviation.
- Principe 80/20
- 80 % des processus doivent rester standard ; le reste passe par des extensions propres (BTP, APIs) pour éviter le core-mod.
- Contrat intégrateur
- Clause « standard-first » : tout développement doit prouver qu’aucun paramétrage ni best-practice SAP ne couvre le besoin.
SAP appelle cela le “Fit-to-Standard” : aligner les processus sur les bonnes pratiques embarquées pour réduire complexité et coûts sap.com.
Phase 5 : Tableau de bord “Z-Radar” — à suivre chaque sprint
KPI | Seuil d’alerte | Action |
---|---|---|
% d’objets ABAP vs standard | > 5 % | Revue d’architecture & refactoring |
Durée moyenne d’un upgrade EHP | > 3 mois | Audit custom & plan de retrait |
Tests automatiques couverts par CBTA / Tricentis | < 85 % | Campagne de tests end-to-end |
Coût maintenance custom / coût licence | > 22 % | Plan de réduction code Z |
Phase 6 : Check-list “anti-SAP maquillé” avant l’UAT
- Les écarts fonctionnels restants sont-ils documentés, chiffrés, justifiés ?
- Existe-t-il un plan de retrait ou de standardisation pour chaque développement ABAP critique ?
- Le budget TMA intègre-t-il la dette technique custom ?
- La charte projet impose-t-elle un freeze des demandes Z trois mois avant go-live ?
Synthèse
Sur-personnaliser, c’est transformer votre ERP en prototype. Adoptez le standard, verrouillez vos écarts, et pensez “processus avant code” : c’est la seule voie pour un système évolutif, moins coûteux, et prêt pour les innovations Cloud/AI.
Pour voir ceci plus en détail et savoir comment clairement exprimer vos besoins lors de la mise en place d’un ERP pour éviter une surcustomisation, nous vous invitons à lire l’article suivant : https://insidjam.com/exprimer-ses-besoins-lors-de-la-mise-en-place-dun-erp/
Erreur n° 4 : Sous-dimensionner les compétences internes – l’ERP sans muscle maison
« Externaliser la connaissance, c’est externaliser la maîtrise » : sans équipe interne solide, votre SAP S/4HANA devient une boîte noire facturée à l’heure.
Exemple Lidl : pendant tout le projet eLWIS, plus de 90 % du support post-go-live a été assuré par des consultants externes KPS, sans transfert de savoir : à chaque arrêt de contrat, les magasins se sont retrouvés sans ressources pour résoudre les incidents.
Phase 1 – Nommer la faille : dépendance chronique aux consultants
La tentation est grande de confier 100 % du projet à l’intégrateur ; après tout, c’est son métier.
Mais quand les experts internes n’ont ni le temps ni la montée en compétence nécessaire, le système tourne… tant que les consultants restent sur site. Au premier départ – ou à la première facture hors TMA – la production vacille.
- Constat mondial : 20 % des entreprises reconnaissent une customisation lourde par manque de compétences internes capables de challenger l’intégrateur, et ce sous-ensemble est aussi celui qui déclare le moins de bénéfices business à trois ans. deloitte.com
- Retour d’expérience : MillerCoors a perdu plus de 100 M$ et deux ans sur son projet SAP faute d’avoir « les bonnes compétences pour le job ». techtarget.com
Phase 2 – Mesurer l’impact – quand le savoir-faire quitte le parking
Impact direct | Chiffre clé | Exemple Lidl |
---|---|---|
Dépendance post go-live | Jusqu’à 60 % du coût de cycle de vie consacré à la maintenance du code spécifique manqué par l’équipe interne | 90 % des tickets d’incidents eLWS étaient gérés par des consultants KPS en 2017. |
Retard stratégique | 45 % des DSI déclarent que les skills gaps constituent désormais l’obstacle n° 1 pour concrétiser les objectifs transformationnels GenAI/ERP – deloitte.com | Lidl a dû repousser la bascule HANA de 12 mois faute d’experts internes pour valider la migration. |
Risque d’arrêt projet | D’ici 2027, 70 % des initiatives ERP n’atteindront pas leurs objectifs business ; la complexité (donc la rareté des compétences) est citée comme cause majeure – jacopo.ee | Le projet eLWS a été stoppé en juillet 2018, faute de ressources internes pour remettre de la cohérence. |
Phase 3 – Méthode « 70/30 » : internaliser la maîtrise, externaliser le catalyseur
- Cartographier les rôles critiques
- Process owner, key user, basis admin, ABAP reviewer – au moins 70 % de ces rôles doivent être tenus par le client, non par l’intégrateur.
- Plan de montée en compétence graduelle
- Phase blueprint : binômes consultant / key-user, 50 h de shadowing.
- Phase build : transfert de paramétrage sur un environnement “sandpit”, exercices corrigés.
- Phase run : support N1 et petites évolutions gérés par l’équipe interne à T+3 mois.
- Contrat TMA avec clause de désengagement
- Réduction progressive des jours/hommes externes de 100 % à 30 % sur 18 mois.
- Programme “Super User Academy”
- Certification interne, KPI : 90 % de tickets clôturés sans escalade à J+180.
Le Podcast Panorama rappelle qu’un projet ERP exige un core team interne « à plein temps » dès le cadrage, faute de quoi la décision se fait « sur le coin d’une table » et se paie très cher ensuite ; même les PME doivent prévoir des remplaçants pour libérer ces ressources critiques. panorama-consulting.com
Phase 4 – Tableau de bord “Skills Radar” – à suivre chaque sprint
KPI | Seuil d’alerte | Action immédiate |
---|---|---|
% tickets résolus par l’équipe interne | < 70 % | Booster coaching + pair programming |
% heures projet assurées par core team vs consultants | < 30 % | Réallocation FTE / backfill métiers |
Nombre de modules SAP sans “process owner” nommé | ≥ 1 | Désignation / formation d’un titulaire |
Ratio jours TMA externe / interne (T+6 mois) | > 2 | Plan de transfert / upskilling accéléré |
Phase 5 – Check-list “muscle interne” avant go-live
- Les process owners ont-ils validé tous les scénarios UAT ?
- Chaque module critique dispose-t-il d’un Super User certifié ?
- Le centre de support interne (N1/N2) est-il opérationnel avec supervision 24/7 pendant la période d’hypercare ?
- Le contrat TMA prévoit-il une courbe dégressive d’intervention externe ?
- Les coûts de formation (8 % du budget ERP minimum) sont-ils sécurisés ?
Synthèse
Un ERP n’est pas une prestation clés en main : c’est un transfert de propriété intellectuelle.
Sans équipe interne robuste, chaque évolution se négocie au prix fort et la dépendance devient structurelle. Inversement, ancrer 70 % de la compétence chez soi, c’est garantir la pérennité, la réactivité et la capacité d’innovation de votre système.
Conclusion : de l’alerte au plan d’action
Un projet ERP n’échoue jamais « d’un coup » ; il s’égare par petites entorses accumulées aux bonnes pratiques.
Phase 1 — Synthèse des 4 écueils
# Erreur majeure | Signal d’alarme | Conséquence critique |
---|---|---|
1 Conduite du changement bâclée | Formations « one-shot » la veille du go-live | Adoption divisée par 7 lorsque le change est jugé « pauvre » — prosci.com |
2 Sponsoring & gouvernance fantômes | Comités de pilotage irréguliers, sponsor absent | 70 % des ERP livrés d’ici 2027 n’atteindront pas leurs objectifs business — gartner.com |
3 Sur-personnalisation du core SAP | > 5 % d’objets ABAP « Z » | +10 à 30 % de surcoût immédiat, dettes techniques bloquant les upgrades — top10erp.org, thecfoclub.com |
4 Compétences internes sous-dimensionnées | < 30 % des tickets résolus en interne | 60 % des DSI citent le skills gap comme frein n° 1 à la transformation — mckinsey.com |
Phase 2 — Feuille de route express « 90 jours »
- J+0-15 : Audit flash de votre portefeuille risques (change, gouvernance, custom, compétences).
- J+15-45 : Plan de remédiation chiffré : retrait code Z, kill-switch financier, “super-user academy”.
- J+45-90 : Exécution : rituels Steer-Co, tableaux de bord KPI valeur, coaching adoption.
Phase 3 — Passer du constat à l’avantage compétitif
Chaque erreur identifiée renferme une opportunité :
- Standardiser vos processus pour accélérer les innovations Cloud/AI.
- Muscler vos équipes internes pour réduire la dépendance externe.
- Ancrer la valeur métier dans vos indicateurs exécutifs.
En corrigeant ces failles, votre ERP ne sera plus un centre de coûts, mais un levier de marge et de croissance qui deviendra le socle solide sur lequel s’appuiera votre entreprise lors de sa transformation digitale : https://itsolutions.dz/choisir-un-erp-et-ses-briques-bi-ecm-accelerateur-de-la-transformation-digitale-en-algerie/
Si vous souhaitez dès à présent disposer d’une implémentation de SAP, n’hésitez pas à nous contacter : https://itsolutions.dz/contact/